Au poil, pour accueillir Macron...
La cosmétique, les tunisiens connaissent.
Le régime de Zaba était d'ailleurs un spécialiste en la matière. La poussière sous le tapis, les voix dissonnantes au placard, pourvu que l'image du salon soit reluisante et que l'on fasse bonne figure, surtout si l'invité est de marque.
L'ATCE* (qui aurait pu être l'acronyme de l'Armée Tunisienne de la Cosmétique et de l'Esthétique) était le bras armé de ce système de propagande contre la vérité. On y soudoyait les journalistes et les experts étrangers ou alors on faisait taire les "iconoclastes" (étymologiquement, briseurs d'images). Ce concept de l'image virait à l'obsession religieuse, au point que des Borhane Bsais, Mezri Haddad et toute la bande de l'ATCE, pouvaient contre vents et marées, défendre mordicus la théorie de la platitude de la terre, pourvu que l'on ne touche à la sacro-sainte image du bled.
Préparation de la mariée
Le régime a eu chaud en plein mois de Janvier. La tension sociale était à son comble. On dénombre un mort des suites de terribles affrontements avec la police. Le gouvernement s'empêtre dans son autisme habituel, mais cette fois le fossé se creuse dangereusement entre la population et ses dirigeants. La rupture est quasi consommée et le pouvoir n'a plus d'autre choix que de ressortir du placard les bonnes veilles recettes du passé. La présidence a donc annoncé la réactiviation de l'ATCE (voir ici) et au même temps le ministre de l'intérieur menace frontalement les journalistes et les blogueurs (voir ici)...comme au "mauvieux" temps.
C'est dans ce contexte électrique, que le président français visite la Tunisie. Pour le régime à l'image écornée, ce déplacement du jeune Roi soleil est symboliquement de haute importance. On ne devait rien laisser au hasard. Même les routes, les trottoirs et les jardins que l'oeil du Macron pourrait percevoir, seront repeints, vernissés, épilés, pourvu qu'aucun poil subversif ne vienne gâcher le spectacle de cette pauvre dame Tunisie...
*ATCE: Agence Tunisienne de Communication extérieure. Fondée en 1990, afin de renforcer la présence, dans les médias étrangers, de la Tunisie et sa politique nationale dans tous les domaines. Par la suite, Abdelwahab Abdallah, alors conseiller du président Zine el-Abidine Ben Ali et proche de son épouse Leïla, en fait le principal organe de répression pour mettre au pas les médias qui aspirent à la liberté d'expression en Tunisie. Principal outil de propagande du régime, l'ATCE permet ainsi de contrôler toute émergence de la société civile et de promouvoir l'image de Ben Ali au-delà des frontières en se permettant de corrompre certaines personnalités médiatiques étrangères. Après la révolution de 2011, elle est suspendue avant d'être formellement dissoute en 2012. (lien Wikipedia)