Moment révolutionnaire
Profitons chers amis des derniers instants révolutionnaires avant que nous nous heurtions très vite à l'amère réalité. Le raz-de-marée Kaïs Saïed (72% des voix) a balayé symboliquement par son intensité, toute cette classe politique qui a trahi la révolution de 2011. La débâcle de Nombril Kakaroui et tous ses soutiens a été tellement savoureuse que je ne cesse de m'en délecter sadiquement. Avec tous les procès qui lui collent au cul, j'imagine bientôt Karoui et sa smala fuir le pays comme Ben Ali et ses trabelsites (voir ceci). Mais attention, ne nous réjouissons pas trop vite. Notre expérience de la Révolution, nous a appris à nous méfier des orphelins du système déchu qui nous attendent toujours au tournant...
(dessin inspiré de cet article publié le 08 Janvier 2011)
Parmi ces "déchus", qui ont été ses soutiens directs et indirects, figure une bonne partie des médias "Ben Simpsonniens". Cette élite dite progressiste, depuis qu'elle a eu droit à la parole grâce à la Révolution, elle n'a fait qu'agiter l'épouvantail islamiste tombant dans une facilité intellectuelle à laquelle répondait positivement son public de Ben Simpsons. Une culture de l'entresoi s'est développée durant ces dernières années faisant émerger des figures médiatiques persuadées de leur pertinence, voire de leur héroïsme (Mohamed Boughalleb, Maya Ksouri, Lotfi Laamari...*). Elles se sont complus dans cette confortable lutte banalisant au passage le retour des anciennes figures du benalisme, fermant les yeux sur la corruption de leurs patrons, mais surtout, vidant de leurs substances les aspirations sociales de la Révolution qu'il leur arrive de rappeler mais seulement pour se donner bonne conscience.
Certes, l'islamisme est un monstre. Je dirais même plus, qu'Allah est la tête du monstre qu'il faut commencer par couper si l'on veut lutter sérieusement contre l'islamisme. Oui, je comprends très bien que des gens puissent faire de l'islamisme un sujet de lutte politique et philosophique. Mais lorsqu'on en arrive à ce qu'une Olfa Youssef (voir ici), universitaire, prenne ouvertement la défense d'un mafieux avéré, ploutocrate spaghetti du nom de Nabil Karoui et ce par anti-islamisme primaire (mixé forcément à une bonne dose d'opportunisme), alors stop ! arrêtons immédiatement ce cirque médiatique et recommençons à zéro.
Kaïs Terminator SAÏED, an Ier
L'espoir que semble avoir ressuscité l'élection de ce nouveau président, fait souffler sur la Tunisie un vent de révolution. Des jeunes se réapproprient l'espace public en organisant des campagnes de nettoyage de rues, de plantation d'arbres, ou de coloriage de trottoirs (voir ici). Ce mouvement lancé sur internet prend des allures de jeunesses communistes, de quoi effrayer les déchus du Karouisme et d'une frange de la bourgeoisie, pour qui le peuple ne peut être mu que par les ficelles d'associations islamistes ou par les services de renseignement américano-sionistes.
N'en déplaise aux aigris, aux déchus, aux rabat-joies, aux précieux, aux snobs...quelque chose se prépare. Ce Kaïs Saïed n'est que le véhicule d'un quelque chose que nous ignorons. Bien entendu, il risque de nous décevoir, de tomber en panne, ou de se refermer sur nous comme un nouveau piège à cafards. Mais savourons encore cette parenthèse enchantée comme lorsque nous étions enfants, et ce même si la réalité nous rattrapera tôt ou tard !
* Mes propos ne sont surtout pas destinés à excuser les campagnes de lynchage lancées contre ces journalistes (voir ici). La moindre menace contre un journaliste est une menace contre TOUS. La liberté d'expression est un droit non négociable...même pour ceux qui n'en sont pas à la hauteur.