_z_ premier caricaturiste coraniste
Chaque attentat allahiste m'offre une nouvelle occasion de caricaturer le Coran. Cette fois, c'est la décapitation d'un enseignant en banlieue parisienne. Il s'agit d'un professeur d'histoire-Géo égorgé par un jeune musulman (tchétchène) à cause d'un cours sur la liberté d'expression où le prof avait montré des caricatures du prophète (Lire le détail des faits ici). Bien entendu, cette affaire remet la question de l'Islam au cœur du débat public français, comme après les attentats de Charlie.
Je voudrais ici parler de cette question de mon point de vue de dessinateur tunisien vivant à Paris et intervenant depuis les attentats de Charlie, dans les écoles, collèges, lycées et centres pénitentiaires. C'est grâce à l'association "Cartooning For Peace" que j'anime ces rencontres principalement autour du thème de la caricature et de la liberté d'expression. Ces ateliers s'inscrivent plus largement dans la politique de "déradicalisation" menée en France depuis 2016. Je peux affirmer qu'à raison d'un atelier par mois en moyenne, j'en ai fait du terrain et je peux me baser sur mes observations pour avancer ceci :
Les nouvelles générations islamisées en France qui ne parlant pourtant pas arabe, ont une obsession du texte sacré. Cette obsession peut être liée à la frustration qu'elles ont de ne justement pas pouvoir le comprendre.
Combien n'ai je pas entendu durant ces ateliers, que les dessinateurs de Charlie l'ont bien cherché et que la représentation du sacré est interdite par le Coran et que le meurtre est permis et s'inscrit dans le Djihad contre les mécréants. Ces propos bien entendu, ne sont jamais étayés par des références coraniques explicites, mais semblent procéder d'une solide "pré-connaissance" de la religion héritée, semble-t-il, de la famille ou de prédicateurs locaux. Au dogmatisme par lequel sont exprimées ces idées (surtout en prison), s'ajoute une violence encore plus inquiétante. Plus inquiétante même que ce que l'on peut observer dans le monde arabe, quand on aborde ces mêmes sujets. Cette violence, à mon avis, est amplifiée par la question identitaire et l'exclusion dont ces jeunes se disent victimes, à juste raison. Ajoutons à cela, le traumatisme colonial transmis par leurs parents, la cause palestinienne à laquelle ils s'identifient par procuration, puis la certitude que les sionistes, donc les "juifs", dominent le monde. D'ailleurs, répètent-ils souvent, il n'y a qu'à voir la censure de Dieudonné et l'hyper médiatisation de Zemmour à la Télé pour tout comprendre. Et puis d'ailleurs, me diront-ils, pourquoi glorifier Charlie et moquer le prophète si c'est pour ne jamais caricaturer la Shoa et moquer les juifs ? Question très embarrassante, à laquelle je n'ai toujours pas trouvée de réponse.
Le seul pouvoir que je semble avoir sur eux, par lequel j'ai pu imposer une certaine forme "d'autorité", se résume à ma capacité à comprendre le texte sacré et à pouvoir leur traduire le "message d'Allah". Ma maîtrise de la langue arabe m'offre une telle légitimité que je pouvais leur montrer mes caricatures les plus blasphématoires sans susciter le moindre remous. Je vous laisse donc imaginer le pouvoir qu'ont certains prédicateurs sur les jeunes de Cité...
Mais alors, à qui la faute ?
Cette "préconnaissance" de l'Islam, qui est une sorte de nouvelle culture religieuse propagée après le 11 Septembre (ce que j'appelle "allahisme") porte les germes de cette nouvelle violence. Les pays du Golfe ont déployé leurs pétrodollars pour véhiculer cette lecture littéraliste du texte à travers leur réseau mondial de prédicateurs. Cette doctrine met la focale sur le contenu même du texte sacré et le relie de manière organique à la foi. Le Coran, révélé dans un contexte politique et social d'il y a 14 siècles, devient une référence atemporelle et universelle pour régir la société humaine du 21ième siècle. Mais cette vision de l'Islam n'est plus répandue seulement par la propagande wahhabite. Elle est devenue tellement dominante que même nos élites politiques dans le monde arabe, ont été obligées de l'intégrer dans leur réthorique et de composer avec. Kaïs Saïed, président Tunisien, reconnait publiquement la primauté du Coran sur la Constitution et n'est pas sans ignorer qu'avec cette disposition, il nous oblige à regarder de près le texte. Et le texte est clair. Il appelle entre autre, au crime contre ceux qui font la guerre à Allah et son prophète...
Disons-le sans complexes : si dans notre monde arabo-musulman, nous ne coupons pas le "cordon ombilical" avec le texte sacré, nous nous wahhabiserons de plus en plus. Quand le député "allahiste" Rached Khiari justifie le meurtre de l'enseignant français en expliquant que "Porter atteinte au prophète est l’un des plus grands crimes et celui qui l’ose doit assumer ses conséquences" (voir ici), il ne fait que reprendre ce que dit explicitement le Coran dans l'actuelle configuration wahhabisée. Pourquoi donc crier au scandale contre lui, alors que tous les ingrédients de la lecture littérale du texte sacré sont réunis ?
Conclusion
La France gagnerait à enseigner l'arabe comme le propose Macron (je peux aussi être d'accord avec lui) pour qu'enfin les jeunes de l'immigration démystifient la langue du Coran et soient moins dépendants des prédicateurs. C'est peut-être un préalable nécessaire avant de régler la question sociale et les inégalités dont la politique du même Macron est pourtant responsable. Plus généralement, l'occident ne pourra rien contre ses monstres intérieurs s'il ne revoit pas en outre, ses relations avec ses amis wahhabites et Israël.
Quant à nous autres, peuples "arabo-musulmans", nous avons tout intérêt à "historiciser" l'enseignement de l'Islam de toute urgence afin de contextualiser la révélation et enlever au Coran sa pureté divine. Mais en attendant, chers amis, débattez, caricaturez, baisez ou alors convertissez-vous au Boukornisme, seule religion de paix et d'amour (conversion en toute urgence ici).