14 JANVIER : De la fuite de Zaba, à la fuite en avant de Zabaïed
Le 14 Janvier 2011, Ben Ali prit la fuite pour l'Arabie Saoudite suite à une violente contestation populaire. Cette date sera retenue dans l'Histoire comme étant celle de la Révolution Tunisienne, et marquera le début de ce qui sera appelé à tort ou à raison, le printemps arabe.
La fuite de Zaba plongea donc le pays dans le vide. A la suite du bordel révolutionnaire qui persista, émergea alors l'idée de l'élection d'une assemblée constituante. Celle-ci siégea à partir d'octobre 2011 avec une nette majorité pour les islamistes. De Zaba on passa alors sous le règne de Zaballah (alias Ghannouchi) qui domina la scène politique tunisienne durant toute une décennie. En 2014 fut enfin adoptée la nouvelle Constitution, fruit de 3 ans d'âpres luttes et débats, marqués en 2013 par des assassinats politiques (non élucidés) qui ont failli écraser dans l'œuf le chantier démocratique à l'œuvre. Car oui ! la Tunisie était en train de fabriquer le premier modèle de démocratie arabe et ce malgré toutes les difficultés et les sabotages venus en partie des voisins arabes non contents de voir émerger une démocratie à leurs portes. Une démocratie certes imparfaite, mais qui a eu le mérite fin 2014 d'assurer une alternance politique pacifique par l'élection du "progressiste" Essebsi, à la tête de l'Etat. Même si la situation économique ne s'arrangeait pas, la Tunisie pouvait se targuer d'avoir "éjecté" les islamistes du Pouvoir sans effusion de sang. C'était en soi une prouesse comparée à ses voisins arabes qui sombraient dans la guerre civile (Syrie) ou qui retombaient en dictature (Egypte).
Mais comme je disais, Zaballah n'a jamais vraiment quitté le pouvoir, et durant le règne de Bajbouj (Essebsi) les deux rivaux firent une alliance contrenature qui imprimera de manière durable le sentiment (surtout chez les Ben Simpsons) que l'islamisme est une fatalité insurmontable, une sorte de pieuvre indéboulonnable. Plus généralement, une lassitude s'installe dans le pays liée au marasme économique, au traumatisme des attentats de 2015 et au profond sentiment de corruption généralisée.
Mais le début de la fin a commencé par le décès prématuré d'Essebsi. Les élections anticipées qui ont suivi firent siéger au parlement en 2019 les monstres de la démocratie tunisiennes : islamistes radicaux, nationalistes mauves et mafieux transformèrent l'assemblée du peuple en une chaotique foire d'empoigne. Zaballah présida ce parlement et un outsider sorti des urnes, Kaïs SAIED fut élu président de la République. A ce désordre se rajouta la crise sanitaire qui précipita le pays dans la dépression achevant de dégoûter définitivement les tunisiens de l'idée même de démocratie.
C'est dans ce contexte que l'outsider venu d'ailleurs, le dénommé Saïed, saisit l'occasion pour faire un coup d'Etat le 25 Juillet 2021. Applaudi au début par toute la Tunisie, Saïed se sentit pousser des ailes et s'appliqua à démolir tous les maigres acquis de la démocratie. Il décide de fermer le parlement et de réécrire tout seul une nouvelle Constitution. Le choc est tel que ni les opposants, ni la population n'étaient capables de réagir. Saïed n'est pas un homme rationnel. Les voisins arabes et les chancelleries occidentales sont à ce jour incapables de cerner le personnage. Outre son extravagance, ce monsieur s'avère être un piètre gestionnaire de la chose publique. Osons le dire, Saïed est un authentique idiot. La Tunisie continuera ainsi sa dégringolade dans le vide sous le regard sidéré des tunisiens et de la communauté internationale.
En réalité, "Zabaïed" est le monstre naturel que nous avons TOUS enfanté collectivement. Il a grandi à nos côtés sans que l'on ait pu anticiper sa mue...
Alors si je vous raconte toute cela, c'est parce que nous sommes à quelques jours du 14 Janvier et qu'une ambiance de fin de règne se profile à l'horizon. Mais une fin de règne qui ne sent pas très bon.
Si l'éjection de Zaba ne nous faisait pas craindre le vide, celle de Zabaïed semble nous entrainer tous avec lui dans le vide...
Alors que Zaba emportait avec lui les dossiers secrets et les caisses de l'Etat, Zabaïed n'emportera avec lui que le mystère du complément d'objet direct de sa formule restée à ce jour incomplète : "le peuple veut". Que veut merde ! le peuple imaginaire de Zabaïed ? ce sera le seul secret qu'il emportera avec lui !
Je ne sais pas si le dessin ci-dessus aura le même pouvoir "prophétique" que le premier (dessiné quelques jours avant la fuite effective de Ben Ali), mais mon petit doigt de flamant rose me prédit pour les jours qui suivent quelques agitations. Serait-ce pour ce 14 Janvier 2023 ?
Demeure un seul hic et non des moindres : la jeunesse qui a pu dégager Ben Ali en 2011 est aujourd'hui en état de mort cérébrale. Quant à la classe politique (islamistes, progressistes, mauves, gauche...) il devient inconcevable pour la population après 10 ans de déconfiture démocratique, de revoir leurs "sales gueules" au pouvoir. Alors que faire ?
Seul Boukornine détient la réponse...