La boîte de pandore
Chers amis,
Le peuple, moi, je ne l'ai jamais croisé. Je suis un snob, un francophone un vendu, tout ce que vous voulez. Mais moi ce peuple, s'il existe vraiment, je n'ai même pas envie de le croiser. Ni dans le bus jaune, ni dans le TGM, ni dans le louage. Ce peuple "qui veut", moi je n'en veux pas. Et si les démographes, statisticiens, les Sigma mon cul démontrent scientifiquement qu'il représente 80% de la population, qu'il est raciste, qu'il croit en la platitude de la terre, je n'y peux rien, je ne ferai jamais partie de ce peuple.
Ok, ok ! il est victime depuis des siècles des colonisations, des spoliations, d'humiliations exercées par les anciens colons et par la bourgeoise francophone, la fameuse "élite" à laquelle je suis certainement associé par le simple fait que j'use de la langue de Molière pour exprimer ces pensées matinales. Mon snobisme ne fait que témoigner de mon appartenance à la caste nantie des dominants.
Prenons du recul
On a vu ça dans l'Amérique de Trump, dans le Brésil de Bolsonaro. Si Sigma mon cul élargit son point de vue, elle chiffrerait à 80% la masse mondiale du peuple "qui veut". La Tunisie n'a peut-être pas le monopole de la connerie. Mais que doit-on faire au juste ?
Renoncer à notre humanité pour plaire à la majorité ? Doit-on s'évertuer à bricoler un raisonnement scientifique qui puisse nous situer absolument du côté du dit peuple ? Doit-on tout mettre sur le compte de l'ignorance et de la faillite de notre système éducatif ?
Je vois ici et là sur internet, des anciens camarades, activistes et universitaires, des gens plutôt de gauche, adopter une forme de complaisance envers ce dit peuple. Selon eux, la faute serait d'abord imputée à l'occident et ses chiens de gardes locaux. Le racisme du peuple serait donc causé par la sous-traitance de la politique migratoire subsaharienne de l'Europe. Ils n'ont pas tort.
Mais quand ce racisme s'exprime par les actes et qu'il est ouvertement adopté par les mots dans un communiqué officiel du président, leur pédagogie sonne faux. Un viol est commis au vu et au su de tous, et ces gens nous appellent à la retenue car il faudrait d'abord qu'on étudie la psychologie du violeur. Ou alors Saïed n'y est pour rien. Mais c'est le système voyons ? l'état profond disent-ils, car Zabaïed n'est qu'un robot, une marionnette ou un automate.
Je ne veux même pas évoquer ici les Ben Simpsons et tous ces gens qui ont soutenu Saied et qui nous expliquent aujourd'hui que le communiqué du président est à interpréter sous l'angle de la question de la migration clandestine. Ceux-là pour moi sont hors-jeu depuis bien longtemps.
Mais attention, en critiquant tous ces gens, je n'apporte aucune explication. Je ne suis pas mieux qu'eux.
Conclusion
Il y a un temps à la pédagogie et il y a un temps à l'action. Et nous y sommes.
Nos amis subsahariens en ce moment même où je vous écris, vivent la terreur : rafles, intimidations, menaces, c'est devenu leur lot quotidien depuis que cette m*de à Carthage a ouvert la boîte de Pandore. Non, j'enlève l'astérisque, et je nomme une merde, une merde. Un fasciste est un fasciste.
Et si nous sommes seulement 1% à aboyer, ce n'est pas à cause de la timidité de mes anciens camarades. Car les vrais muets dans cette histoire, sont nos artistes populaires, nos stars de la télé, notre "ministre du bonheur" (Ons Jabeur), tous ces gens qui caracolent à des millions de fans sur Insta. Il est où le Lotfi Abdelli martyr du régime (laissez-moi rigoler) ? Et ce n'est même pas parce qu'ils sont racistes, je n'y crois pas du tout. C'est juste qu'ils ne veulent pas se mettre à dos les 80% du peuple de Sigma mon cul *.
Et voilà que je dresse à mon tour une liste noire, que je m'érige en tribunal populaire. Voilà que je deviens antipathique. Je fais du Saied...C'est foutu.
* Tout cela ne vous rappelle pas une autre histoire ? remplacez le mot "raciste" par "allahiste" et vous verrez que mon texte marche tout aussi bien.