Le cycle infernal de la barbarie
La barbarie entraine la barbarie. Elle ne tombe jamais du ciel, elle est toujours la conséquence d'une autre violence antérieure. Si l'éthique nous impose de la dénoncer, la logique nous oblige à remonter toute sa chaine. Non pas pour la relativiser ou l'excuser, mais pour la comprendre et l'expliquer, préalable nécessaire pour espérer l'arrêter. Si l'on veut donc dénouer ce cycle infernal, il faut revenir à la source :
La crise au Proche-Orient
Mal n°1 : le nazisme en Europe et l'antisémitisme en général a été le mal originel par lequel Israël est né en 1948. La fondation d'une nation pour les juifs (le sionisme) était une belle et prometteuse idée si ce n'est qu'elle s'est faite au détriment de populations qui furent violement chassés de leurs terres (la Nakba).
Mal n°2 : La violence est ainsi passée de l'Europe vers le Proche-Orient. Le mal s'est traduit cette fois, par l'expropriation, l'occupation et le blocus imposé à des populations soumises à une nouvelle puissance coloniale : Israël. Notons que l'Europe appuie depuis le début ce projet dans une intention d'assurer une présence au Proche-Orient, mais aussi dans un objectif non avoué de se racheter du mal n°1.
Mal n°3 : La violence perpétrée contre ces populations, les palestiniens, provoque par voie de conséquence un troisième mal : le terrorisme. Il est important de rappeler qu'Israël n'a jamais voulu partager cette terre et qu'il n'a laissé nulle autre option que ce troisième mal qui se manifeste régulièrement par des d'attentats contre des civils (comme par exemple celui de Munich en 1972). Des attentats qui rappelons-le, ne manquent pas d'atrocité et de barbarie.
Mal n°4 : Israël confronté à ces attaques se radicalise, se militarise et devient un Etat fasciste qui exporte à l'international ses techniques militaires de surveillance, de renseignement et d'espionnage. Il devient même une force nucléaire prêt à généraliser le conflit dans toute la région. Il poursuit en parallèle sa politique agressive de colonisation dans le mépris du Droit international et ce toujours avec l'inconditionnel appui de l'occident.
La dernière attaque du Hamas
Ce dernier week end, le monde entier a assisté à la spectaculaire attaque du Hamas et sa prise d'otages et exécution de centaines de civils en Israël. Un fait d'arme qui ébranle la toute puissance israélienne mais qui malgré son intensité, s'inscrit toujours dans la continuité du mal n°3.
Cependant, la réaction d'Israël, risque de faire basculer ce cycle de violences vers un nouveau mal, le n°5, celui de l'extermination pure et simple de Gaza et l'embrasement de toute la région. Car le degré inédit de la violence du Hamas dans sa dernière opération, entrainera mécaniquement -dans la logique infernale des violences-, une sorte de "solution finale" tel que le suggère le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, qui promet un siège total de Gaza, sans eau, sans électricité et sans gaz, afin de combattre ces "animaux" (voir ici). Le seuil de la déshumanisation de l'ennemi a été franchi et assumé, sans que cela ne choque outre mesure les dirigeants occidentaux, qui jour et nuit, dénoncent la barbarie du Hamas, omettant de rappeler toute la chaîne de violences passées, et encourageant même les violences à venir, puisque ils répètent à l'unisson : Israël a le droit de se défendre, sous-entendu, Israël peut passer au Mal n°5.
L'occident premier responsable du mal
Si l'on devait hiérarchiser les responsables de ces malheurs dans le temps long de l'Histoire, il est difficile objectivement et moralement, d'accabler les palestiniens par le simple constat de leur sempiternelle condition de colonisés. On pourrait même excuser Israël, car il s'agit d'un pays construit sur un traumatisme (Shoah) et sur un projet messianique (peuple élu) rendant inutile toute négociation basée sur la raison et le bon sens. Israël est un pays irrationnel, une sorte d'enfant terrible de l'occident impossible à domestiquer.
L'occident demeure donc le coupable idéal. Car c'est l'occident qui s'autoproclame défenseur du Droit International, qui condamne les atteintes aux Droits de l'Homme, qui défend l'Ukraine (à juste titre ) contre l'occupation russe mais qui durant 75 ans demeure frappé de paralysie quand il s'agit de dénoncer les violations commises par Israël (mal n°2). Cette hypocrisie a d'ailleurs commencé à coûter cher à l'occident qui subit la désaffection de nombreux pays qui se replient sur la Chine et la Russie.
Une énième occasion ratée
Cette hypocrisie je ne la comprends pas. J'ai pu l'observer pas seulement dans les discours des officiels, des grands médias, mais même auprès d'amis artistes, de gens dits de gauche qui semblent cérébralement paralysés. Ils nous somment de nous indigner contre la barbarie des uns et nous accusent de compromission quand nous leur rappelons la barbarie des autres. Comment peut-on aussi les croire sincères dans leur refus de la barbarie s'ils ne semblent nullement choqués par la barbarie à venir, celle promise par Netanyahou ? Cet insupportable "deux poids deux mesures" laisse croire qu'ils ne considèrent barbare que les exactions commises contre leurs semblables. Les palestiniens ne sont, après tout, que des sous-hommes, voire des "animaux", comme l'a clairement exprimé le ministre de la défense israélienne.
Et puis vient cette déclaration surréaliste de Zelensky qui dans une réunion de l'Otan compare le Hamas à Poutine (voir ici), suggérant que l'Ukraine comme Israël seraient sous occupation. Tout semble converger vers l'idée qu'un même mal menace les peuples civilisés...
Conclusion
Vive la Palestine !