néo-maraboutisme
La Tunisie sait combien elle doit au Benalisme en matière de marabouts et de saints patrons. Resteront gravés dans la mémoire collective les tours de magie de Lella Leila et les frasques de la confrérie tripolitaine. Malheureusement, la populace insensible à leur spiritualité, les chassa violemment du pays. Leur patrimoine architectural se trouva sauvagement saccagé par la foule en délire le 14 Janvier dernier. Mais heureusement la tradition n'est pas pour autant affectée.
Ainsi Pierre de Mateur poursuit tranquillement sa tariqa au Qatar, Sidi Bel Hassen jouit d'une retraite mystique au Canada et Lella Leila s'est encore rapprochée de Dieu pas loin de la Mecque. Quant à Sidi Mabrouk, il a héroïquement résisté à la barbarie révolutionnaire en se terrant sous sa zaouïa tunisienne et ce grâce à la protection discrète des nouveaux maitres de Tunis. Mais ce n'est pas tout:
Une nouvelle génération de marabouts est en train d'émerger. Sidi Riahi, inconnu jusqu'à là, surgit brusquement dans le paysage tunisien. Son prosélytisme qu'il mène sur l'ensemble du territoire a commencé avec le début du saint mois de ramadan. L'étendard rouge de sa tariqa arboré de 5 mains de Fatma (voir ici) décore nos avenues, nos journaux et nos écrans télé. Pas moyen d'échapper à sa prédication.
Soyons sérieux
Attention, Sidi Riahi n'a rien à voir avec Sidi Belhassen. Il s'agit certes d'un milliardaire mais nous ignorons tout de sa fortune et de la source de son enrichissement. Pas question ici de présumer de sa malhonnêteté ni de lui reprocher l'étalage de sa richesse (quoique...), mais seulement de dénoncer ce mariage intéressé du fric et du politique...
Appréciez par vous même la platitude de son programme (ici) basé sur des slogans creux et comparez-les avec l'impressionnant dispositif publicitaire déployé. Vous aurez le vertige. Ce parti est parti en campagne avant l'heure, et surtout avant même d'avoir formulé son projet de société. Mes amis, pour les marabouts, ce qui compte c'est la démonstration de force, l'étalage de puissance, la forme d'abord et peu importe le fond, Allah en décidera...Outre sa boulimie ostentatoire, Sidi Riahi use de son argent pour distribuer généreusement des produits alimentaires à des pauvres gens (voir ici). En jargon politique cela s'appelle du clientélisme, pratique peu recommandable en démocratie, mais très populaire auprès des régimes mafieux qui achètent ainsi leur appui électoral. Un certain Ben Ali usait du même procédé il y a de cela quelques mois.
Ne soyons pas injuste avec lui. Sidi Riahi n'est pas le seul en ce moment à profiter du bordel ambiant pour faire tout et n'importe quoi. Se pose alors la question:
Que fout l'instance de Ben Achour ?
Ok, ils semblent être bien occupés. Et merde alors pour la loi sur le financement des partis adoptée pourtant le 4 août dernier (voir ici)
Sur ce bonne soirée!
voir aussi ce post "de un oeil sur la planète" ici