Bonté divine! un monstre à plusieurs têtes!
Si la révolution a bien révélé une chose, c'est l'état profond de la misère et de la pauvreté tunisienne. La jeunesse témoigna plus que les autres classes d'âge de cet état de fait. Ben Ali avait compris depuis 2008 que son régime avait échoué sur ce point. Il avait anticipé le monstre qu'a généré sa dictature en essayant de se rapprocher de la jeunesse par ses ridicules campagnes de "dialogues avec les jeunes". Mais c'était déjà trop tard. Le mal était consommé. Le monstre était debout. C'était un serpent à plusieurs têtes:
Les Zaballahistes
Le Zaballahisme constitue une des ses nombreuses têtes. Une tête à petit cerveau, mais qui crache le plus de venin. Sous Zaba, à part l'épisode de Soliman, cette catégorie fut domestiquée par le régime et contribua même à sa propagande (rappelez-vous de la campagne du "moubid" sur Facebook). Après la révolution, et avec la victoire d'Ennahdha, les zaballahistes ont repris du poil de la bête multipliant les démonstrations de force et les intimidations avec à chaque fois, plus de venin et moins de cervelle. Tel ce dernier show devant l'ambassade américaine où ils se sont donnés en spectacle devant le monde entier sous le regard complice de la police... tout ça à cause d'un film amateur nuisant à l'image de leur prophète (voir ici)
Les théories du complot autour de cette affaires n'y changent rien. Croire que la CIA ait voulu déstabiliser le monde arabe par une vidéo sur youtube est complètement stupide mais surtout déplacé en ce moment de tristesse. Cette histoire puante qui a coûté la vie à 4 personnes, quelque soit leur degré de bêtise, de fanatisme, de zaballahisme, témoigne de toute façons de la misère intellectuelle qui ravage une partie de notre jeunesse et cela nous concerne tous, car il s'agit là de la preuve patente de notre échec collectif. Je me suis déjà assez exprimé sur la question de l'Islam en accusant l'enseignement de la religion à l'école et l'hypocrisie générale maintenue autour du dogme, comme détonateur principal de violence dans les milieux sinistrés économiquement et culturellement. (lire ce post ici)
Les harragas
Parmi ces têtes de monstre, il y en a une que Ben Ali connaissait déjà très bien: "Les harragas". Il s'agit de ces émigrés clandestins qui traversent la méditerranée au péril de leur vie. La misère motive encore une fois leur exode. Ce n'est pas l'au-delà du Coran qu'ils recherchent (comme leurs voisins zaballahistes) mais le rêve américain. Celui d'un monde meilleur sur terre, en l'occurence l'Europe. Les uns comme les autres, zaballahistes et Harragas sont dans une négation du monde réel. La Tunisie leur est hostile. Les uns comme les autres ont un rapport de fascination-répulsion envers l'occident. Les uns brûlent les ambassades américaines, les autres cultivent leur rêve américain. Mais ce sont les harragas qui payent plus cher la facture. Tout récement une autre embarcation de harragas vient de faire naufrage au large de Lamprédusa. 80 Jeunes ont disparu...
Les révolutionnaires
Une autre tête de monstre. La plus sympathique certes. Celle qui fut l'ennemi jurée de Zaba et aujourd'hui d'Ennahdha. C'est une tête hétéroclite, aux profils différents et imprévisibles. Elle brasse toutes les classes sociales du pays et cherche son bonheur ni dans la fuite vers un au-delà fantasmé, mais tout simplement chez elle. Elle n'explique pas ses malheurs par le complot américano-sioniste hourdi contre le monde arabo-muslman, mais d'abord par l'incompétence de sa classe politique et la lâcheté endémique de son élite bourgeoise. C'est cette troisième tête de serpent qui participa activement à la Révolution et qui menace de se réveiller à chaque instant. Si le gouverment a su domestiquer les zaballahistes et les utiliser comme un épouventail, il peine à contrôler les révolutionnaires. C'est contre eux que Abbou semble avoir exprimé des menaces. Ainsi dans une émission radio, ce prétentieux personnage, a carrément appelé à pendre ceux qui exigeraient le départ du gouvernement le 24 Octobre. (Le 23 étant la date promise de clôture de l'exercice du gouvernement transitoire)
Merde! dire que ce gars faisait partie des révolutionnaires sous Zaba. Le voilà maintenant qu'il se prend pour Zabbou (voir ici).
Et il ose affirmer à la fin de l'émission, assumant son esprit de contradiction, qu'il est en faveur de l'abolition de la peine de mort!
Conclusion
Tous ça mes amis nous oblige à continuer à faire chier le gouvernement qui reste notre seul vis-à-vis quand ça va mal. Il est malheureux de constater qu'Ennahdha ne donne aucun signe positif et qu'elle s'enfonce de plus en plus dans la purée. Mais je maintiens encore que notre salut collectif nous viendra de Carthage...
Bon dimanche!