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DEBATunisie
3 septembre 2017

Municipales 2017

Cher amis, parions que les débats autour des très prochaines élections municipales (1), ne traiteront, ni d'espace public, ni d'urbanisme, ni d'architecture, ni d'impôts locaux, ni de trottoirs, ni de gestions des déchets, ni d'équipements municipaux, ni de logements sociaux. Vous verrez mes amis, que l'on assistera encore une fois à une compétition de bergers dans une foire aux moutons. Compétition dans laquelle, sans nul doute, nos amis d'ennahdha, professionnels en gestion de bétail, sortiront vainqueurs. J'ouvre à cet effet une parenthèse d'inspiration NietZschéenne :

La gestion des foules

La gestion des foules nécessite une idole, une croyance, une illusion. Là où cesse l'idole, c'est là que commence l'Homme, là commence le chant (2). La Nation, le drapeau, l'Etat ou même le ballon, sont des instruments de fabrication de foules. Mais La religion demeure l'outil le plus efficace en la matière. 
Dans notre contrée tunisienne l'homme chante peu, il ne lit pas, et son sexe est ratatiné. Il ne se battra que pour l'honneur de son clan, de son ballon ou de sa religion (Allah). Des siècles de traditions aux origines obscures (Islam) mélangées à des structure économiques aliénantes (capitalisme) ont tué l'homme qui chante. Il naît enfant curieux du monde, mais devient mouton membre d'un large troupeau de croyants. Cette métamorphose s'opère dans la famille, l'école, la rue, le bureau, l'usine ou le champ. Toute l'humanité et ce depuis la nuit des temps, étouffe l'enfant. Mais dans certaines contrées plus que dans d'autres, en Tunisie par exemple et dans le monde musulman par extension, l'enfant meurt souvent très tôt et l'homme libre n'émerge pas.

Mais existe ceux que l'on appelle les artistes, les écrivains. Des gens qui emmerdent le berger et son troupeau. Ce sont des provocateurs et des poètes, bref des hommes enfants. Mais c'est sacrément bien foutu le troupeau "musulman", que le plus docile des moutons, se transforme en chien enragé prêt à mordre qui ose railler son Dieu. Alors le poète évite souvent de fâcher la bête, il se cache, ou il s'exile et finit par mourir en silence enterré parmi les moutons. 

Et puis existent les chiens de garde, politiques, experts ou analystes. Ce sont les plus nombreux. Vous les connaissez ces analystes? Moi je les connais. Ce sont des gens très instruits. Ce ne sont pas des enfants. Ils ont réussi à décortiquer le troupeau et comprendre pourquoi le troupeau est troupeau. Les problèmes de nos sociétés, selon eux, c'est la "mentalité"(3), la corruption, la colonisation, l'occident et le capitalisme (4). Ils sont certes lucides sur ces point mais ils omettent toujours d'accuser l'idole. Ils ne manquent jamais d'arguments pour expliquer comment et pourquoi l'on a déformé, mal interprété, travesti l'idole, mais par Allah ! surtout ne jamais remettre en cause le rôle de l'idole. Eux savent, que sans idole, pas de troupeau. Les analystes ont besoin du troupeau. Les analystes croient au troupeau plus qu'ils ne croient à l'idole. Ils appellent ça le peuple, la oumma ou la culture. Les analystes se rêvent en bergers et même s'ils ne croient pas en l'Idole, connaissent son pouvoir sur les foules...   

MUNICIPALES
(Le parti islamiste démarre avant tout le monde sa campagne électorale des municipales de Décembre 2017. Par sa capacité à mobiliser les foules, Ennahdha est déjà donné vainqueur par tous les analystes de la scène, voir ici. Le dessin ci-dessus est repris d'un autre article du blog, voir ici

(1) Les inscriptions pour les élections municipales ont commencé le 19 juin et se sont terminées le 10 août 2017. Les élections auront lieu le 17 décembre 2017. Il s'agira des premières municipales depuis la chute du régime Ben Ali. 

(2) Passage inspiré du chapitre "de la nouvelle idole", ("Ainsi Parlait Zarathoustra" de Nietzsche) où l'on lit ceci: [...] Là où cesse l'Etat, c'est là que commence l'homme, celui qui n'est pas superflu : là commence le chant de ce qui est nécessaire, la mélodie unique et irremplaçable. Là où cesse l'Etat, - regardez donc, mes frères ! Ne le voyez-vous pas, l'arc en ciel et les ponts du surhumain ?"

(3) Mentalité : Principe Fourre-tout, par lequel nos élites expliquent et essentialisent le sous-développement de nos sociétés. Cet article par exemple ( voir ici ) illustre parfaitement ce point de vue. Nos analystes ne veulent pas voir que le dérèglement de l'espace public (l'article traite de l'incivisme) est d'abord causé par l'absence quasi générale de conscience collective sur la notion d'espace public, aussi bien de la part des gouvernants que des gouvernés. Cette absence, selon mon point de vue, je l'explique par la supériorité symbolique de l'idole religieux. Cet idole vampirise tout. Même la conscience nationale forgée par l'indépendance, supporte mal le poids de siècles de conscience religieuse. La conscience d'espace public crée des citoyens, quand l'idole crée du troupeau (l'image du pèlerinage à la Mecque est une parfaite caricature du troupeau). Affirmons ceci : l
'espace public est incompatible avec la conscience du troupeau. L'espace public ne fonctionne que par l'articulation du collectif (impôts) avec l'individuel. Il doit en ce sens assurer l'affirmation d'individus différenciés évoluant dans l'espace (esthétique corporelle, liberté vestimentaire) et un soin particulier de l'architecture, cadre et décor du théâtre social. Le troupeau, lui, n'a pas besoin d'espace public, il n'a pas besoin d'individus. Il chie sur l'herbe qu'il mange, le mouton fumant son fumier, l'âne crottant son crottin et le boeuf bousant sa bouse. Tous se détestent les uns les autres, seul l'idole importe, élevé en totem dominant le pré.

(4) Capitalisme : concept large qui désigne dans notre cas une élite souvent issue des zones côtières, contrôlant les secteurs vitaux de l'économie. Cette élite préserve ses privilèges grâce à sa main-mise sur tous les rouages du pouvoir et sur les médias. Cette élite profite indirectement de l'ordre économique inégalitaire -elle le désire- et participe à la corruption et à l'évasion fiscale. Cette élite rachète sa mauvaise conscience par une ostentatoire vénération de l'idole. L'exemple d'un Slim Riahi, miliardaire à la fortune suspecte, est une illustration parfaite de ceci. Tout récement il vient d'exhiber sur Facebook les photos de son rejeton égorgeant le mouton et commentant lui-même la vidéo en ces termes :« tout comme mon père a tenu à m’inculquer les principes du prophète dans leurs moindres détails, je tiens à les transmettre à mes enfants afin que ces principes restent vivants et gravés dans l'esprit de nos enfants »(voir ici)

Commentaires
B
Je peux te dire sincèrement, mon ami, que je kiffe tes commentaires surréalistes. Tu apportes une note pittoresque qui manquait à un échange presque trop académique. Liquidons un exaspérant malentendu, je garderai ta sensibilité sous-jacente et la passion qui anime tes commentaires. J'espère que tu reviendras souvent nous faire part de tes idées même si on les partage pas toujours ou que leur sens nous échappe quelques fois. Leur originalité façonne leur intérêt. En tout cas je serai à ton écoute. Sans rancune!?
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_
Tes grandes phrases prophétiques et tes formules (injurieuses contre les idées mais pas contre les personnes, on a bien compris) n'en disent pas plus sur ce que tu proposes de nouveau. Vas y exprime toi un peu plus clairement,(wallah j'ai relu et rerelu), je ne saisis toujours pas le fond de tes pensées?
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B
Fais gaffe coco, tu as marché dedans!
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B
5ritt fih? Peut-être! Cependant je continuerai à donner mon avis et à dénoncer les hypocrisies et l'obscurantisme. Ma voix rejoindra d'autres voix et la polyphonie brisera la silence mortel. Et comme disait quelqu'un: ''Nous nous retrouvons à crier aux mêmes loups sans s'attendre à recevoir quoi que ce soit en retour.'' ...La phrase est tirée de ton premier commentaire (j'ai de bonnes lectures), il y a 3 jours! Il faut sortir à la Lumière (je cite Z), il n'y a que les idiots qui ne supportent pas la lumière qui dérange leurs certitudes. Pour conclusion j'emprunte celle du commentaire de Z : '' la plus part du temps, le plus docile des moutons, se transforme en chien enragé prêt à mordre qui ose railler son Dieu. Alors le poète évite souvent de fâcher la bête, il se cache, ou il s'exile et finit par mourir en silence dans la caverne enterrés parmi les moutons'' .... Et, heureusement, certains poètes refusent de regagner la caverne pour mourir et se faire enterrer parmi les moutons qu'ils méprisent, dans une obscurité qu'ils exècrent.
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B
J'ai pris un grand plaisir à lire le texte et aussi les commentaires. Très instructifs. A propos de la religion, je rajouterais une précision qui s'impose comme une conclusion évidente chaque fois qu'on feuillette l'histoire de l'Islam. Le point qui inquiétera toujours c'est que l'islam est véritablement porteur de toute une histoire sanglante. C'est une religion de guerre, de cruauté, et d'obscures velléités de domination et de violence. Cette caractéristique sera toujours là et sera hélas toujours un aiguillon poussant à la guerre sacrificielle "divine". Comment faire pour nettoyer les écrits de cette idée hideuse ? <br /> <br /> Tant qu'on nommera pas un chat, un chat, tant qu'on ne désignera pas clairement le coupable, on continuera à tourner autour du pot pendant que les guerres de religion, historiques et actuelles, resteraient encore inscrites dans le registre des bravoures et des actes d’obéissance, et les charniers qui en découlent demeureraient des plaies ouvertes nécessaires.
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