La guerre des gangs
Le train de la démocratie a définitivement déraillé. Nos débats ne concernent plus le bien commun, mais le bien particulier de tel ou tel clan. Les alliances ne se nouent pas selon la convergence idéologique ou le programme politique, mais selon la convergence d'intérêts entre tel et tel groupe. On fait de la Chakchouka avec de la Macrouna et du Coran. Bref, dans cette indigeste actualité tunisienne chers amis, il n'y a plus aucun attrait philosophique, littéraire ni poétique. Rien de vraiment intéressant à écrire et dessiner dans ce qui n'est plus qu'une guerre de "7wem".
Constatons seulement que nous arrivons à un point où les couteaux sont enfin tirés, et il nous reste plus qu'à espérer que notre extraterrestre de président, dans ce bordel qu'est devenu la scène politique tunisienne, soit le dernier îlot de bon sens sur lequel peut reposer le destin du pays...
Un petit mot quand même sur le cas Emna Chargui, balayé par l'actualité et qui pourtant mérite une plus ample attention.
Cette jeune blogueuse accusée de blasphème vient d'être condamnée à 6 mois de prison (voir ici). Je n'ai pas de mots pour qualifier mon amertume et mon sentiment de ratage total de la révolution. Je sais que cette histoire n'intéresse plus personne, mais elle révèle en filigrane peut être la source de tous nos maux : notre maladif rapport au sacré. Et si l'islamisme de l'avis de tous est à l'origine de tous nos blocages politiques et de l'échec des démocraties dans le monde arabe, il n'en est peut être que le symptôme. La maladie est plus profonde : elle est gravée dans le marbre de nos constitutions mais elle prend sa source à l'école...