Mosaïque FM dans le collimateur de Zabaïed ?
Dans son projet de personnification du Pouvoir, Zabaïed progresse doucement mais sûrement. Après avoir neutralisé le Parlement, la Constitution, la Justice, lui restait encore à conquérir les médias. Zabaïed encercle par étapes ce vaste champ. Son régime a déjà mis la main sur une cible facile, la télévision nationale, qui est devenue depuis le 25 Juillet, un instrument de propagande.
Rappelons que notre président jouit d'une situation assez extraordinaire : il n'a pas encore besoin d'user de la censure et de la répression pour faire taire l'opposition déchue (islamistes, abiristes et autres) car c'est la population elle-même qui vomit leurs "aboiements". Ce qui insupporte notre président, ce sont les médias à grande audience, sans affiliation partisane, qui osent critiquer ouvertement son Pouvoir. Mosaïque FM incarne un peu cela. L'émission Midi Show en particulier, est devenue le RDV de tous ceux qui veulent respirer un air pur dégagé de la pollution saïediste.
De fait, un missile (excusez mes métaphores imprégnées de l'actu internationale) vient d'être tiré par Carthage sur Mosaïque : Sur ordre du procureur du tribunal de Tunis, a été convoqué le rédacteur en chef de la Radio Housine Debbabi, la journaliste Amal Manaï, et a été placé en garde à vue le journaliste Khalifa Guesmi, toujours en détention depuis le 18 Mars 2022 (voir ici).
Suite à sa diffusion d'une information sur le démantèlement d'un réseau terroriste, le journaliste a été arrêté pour son refus de communiquer ses sources. Le procureur viole délibérément la loi protégeant le secret des sources "en vertu" de la loi antiterroriste (comme toujours). Or, le syndicat des journalistes (SNJT) explique que l'information était déjà disponible sur les pages Facebook des syndicats de Police, et que rien dans ce que le journaliste avait publié ne pouvait entraver, ou mettre en danger une opération déjà médiatisée par la Police via ses réseaux sociaux !
Tout cela ressemble donc à un avertissement qui menace tout le secteur des médias, déjà assez mal au point. Tout cela ne présage rien de bon, et conforte l'hypothèse du projet autoritaire de Zabaïed.
Conclusion
Il est important de rappeler que le président ne jouit plus de sa popularité du 25 Juillet tel qu'en témoigne le fiasco de sa consultation populaire qui se termine aujourd'hui (voir ici). Saïed profite simplement du décrochage de l'opinion lessivée par 10 ans d'échec démocratique. Cette démission générale lui donne l'illusion d'avoir les coudées franches pour assoir sa dictature. Mais avec la pénurie de blé qui se dessine à l'horizon (voir ici), la dégringolade de la Tunisie par les agences de notation (voir ici), l'avenir de Zabaïed semble de plus en plus compromis !