(2)!ارحل
La manif d'hier n'a pas eu le succès escompté malgré la forte mobilisation. La récupération partisane puis surtout la forte présence de Nida et des Ben Simpsons a fini par éroder le mouvement populaire. Zaballah profite de cette déconfiture pour continuer sa razzia sur les appareils de l'état. Doucement mais sûrement. Histoire d'enfoncer le clou bien profond, Ali Laarayedh -sbire de Zaballah à la Kasba- opère ni vu ni connu, un mouvement dans le corps des gouverneurs (voir ici). Quant à notre Tartour national -sbire de Zaballah à Carthage-, il effectue en catimini des nouvelles nominations au sein du haut commandement militaire. Manière très élégante, en pleine contestation populaire, de nous dire, je vous emmerde!
Mes amis, toutes les théories sur les frères musulmans(*) qu'on tenait pour des propagandes occidentales se confirment de jour en jour. Nous sommes les spectateurs incrédules depuis leur arrivée au pouvoir, de leur prise en otage progressive des appareils de l'état, de l'administration et des pouvoirs locaux. Ils ne se sont aucunement intéressés aux urgences sociales et économiques (Je ne parle même pas de leur milices et de leurs salafistes téléguidés à distance). La seule et unique priorité des frères a été, depuis le début, de prendre le contrôle de tous les rouages de l'Etat. Leur seul et unique programme reste et demeure un projet identitaire fondé sur une superstition bédouine d'il y a 14 siècles dont ils croient sérieusement qu'elle serait le remède à tous nos maux.
De la même manière que sous Ben Ali, je n'aimais pas taper sur l'opposition, aujourd'hui je fais pareil, et je considère que le premier responsable de ce fiasco total demeure le pouvoir en place, en l'occurence Zaballah.
En tant que dessinateur blasphémateur, je n'ai aucune vision pragmatique de l'alternative politique possible. Je crois aux vertus du vide. Et Quand ça pue, il faut savoir tirer la chasse avant que ça ne s'accumule...
Le mouvement continue!
Le sit-in du départ «Errahil», semble vouloir se poursuivre jusqu'au 31 Août. Il déménagera à la Kasba si Zaballah persiste à vouloir se maintenir sur le trône. Je crains depuis ma Sebkha, que la forte politisation de ce mouvement, que la forte visibilité de Nida, ne fasse perdre au mouvement sa spontanéité...
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(*)A propos des frères musulmans, je vous conseille ce documentaire indiqué par notre ami sebkhiste "Libre enfin":
http://www.youtube.com/watch?v=e1RN33iD9Js&feature=player_detailpage
Il est intéressant, car il explique de manière didactique:
-Le caractère nébuleux du réseau des frères musulmans depuis El Benna notamment les relations entretenues avec les branches armées et l'islamisme iranien.
-Le caractère à la fois pyramidale et transversal de la chaîne de décision rendant encore plus compliqué la compréhension de leur réseau. l'opacité du réseau étant sciemment entretenue. Dans leur QG du Caire on voit le portrait de notre Zaballah national, trôner parmi les éminents membres de la confrérie.
-Puis un aspect essentiel à la compréhension de cette puissante secte: l'inscription sur le long terme. Les frères ne sont pas en effet dans la temporalité court-termiste du politique, mais s'inscrivent dans la temporalité historique. Les années d'exile, l'attente des bouleversements internationaux (chute du communisme, du colonialisme, des dictatures) n'usent en rien leur messianisme.
Deux réserves que je note à chaque fois que de tels documentaires traitent de l'islamisme:
Au-delà de la critique objective que l'on peut porter sur la confrérie (usage de la religion, clientélisme, violence, autoritarisme, machisme...) le reportage focalise sur son antisémitisme. Antisémitisme qui est effectivement explicite et que l'on ne peut que condamner. Mais cette insistance sur l'antisémitisme donne inconsciemment au spectateur l'image d'un Israël perpétuellement victime de l'antisémitisme arabe, oubliant au passage que l'arrogance d'Israël donne de l'eau au moulin du discours islamiste et que l'Etat juif s'en accomode très bien voire l'encourage, car il lui permet d'occulter tout discours antisioniste à caractère humaniste et universel. Car oui Israël est un problème !
Autre réserve:
Le reportage donne la parole comme souvent à un acteur politique "progressiste" en l’occurrence Emna Mnif. Rien de problématique jusqu'à là, à part le fait que cette personnalité nous sert la sempiternelle soupe de l'islam modéré qui serait étranger à l'islam des frères. Elle nous sert comme tous les partis modernistes ce discours politiquement correct qui voudrait que l'Islam soit intrinsèquement "modéré" et que l'islamisme serait juste une mauvaise interprétation des textes, un accident de l'histoire, un parasite. Ce discours que l'on ne cesse de nous rabâcher est aussi un problème. Car il occulte la lecture au premier degré de certains passages dangereux et qui font du Coran et de la Sonna des instruments de domination, de manipulation, d'exclusion et d'appel à la guerre et à la haine inter-religieuse. Tant que l'on continue à ignorer cette évidence, tant que l'on n'admet pas en toute honnêteté que l'islamisme est l'enfant naturel de l'Islam et tant que les progressistes n'assument pas leurs responsabilités par rapport à ce sujet et qu'ils n'inscrivent pas leur lutte dans la temporalité historique (et non politique) comme le font ci-bien les frères musulmans, alors notre avenir ne sera qu'un perpétuel ping-pong entre dictature et islamisme (Zaba et Zaballah). L'exemple de l'Egypte nous le démontre.
On s'en fout d'Israël, mais reconnaissons que tant que ce ping-pong se perpétuera, Israël perdurera et se renforcera.
Il faut sortir de ce cercle vicieux...Faisons comme les frères musulmans mais à l'inverse: Sortons définitivement du religieux (voir ici), et créons un réseau régional, transversal et transparent, prônant un projet bâti sur la liberté totale, la culture, l'art avec la priorité de mutualiser les richesses naturelles de la région en faveur de l'éducation de la santé et de la culture, en commençant le chantier par les régions les plus pauvres...