Terrorisme de la loi antiterroriste
Quelque chose ne tourne pas très rond dans le royaume de ZabajboujAllah. Un texte de loi contre le terrorisme rédigé dans l'urgence des attentats a été soumis à l'approbation des élus. La majorité a voté pour mais quelques 33 malheureux se sont abstenus ou se sont absentés. Quelle ne fut pas leur surprise de se retrouver listés dans le registre des soutiens au terrorisme. Des journalistes n'ont pas hésité à les traiter de traîtres. Une élue a carrément appelé à juger ceux qu'on appelle désormais "les députés du terrorisme" *. Une cabale orchestrée par le tout Tunis qui n'est pas sans nous rappeler la liste noire de Zaballah, ou surtout -plus dangereuse encore- la liste mauve de Zaba! Rappelez-vous chers amis, combien le système Ben Ali a su imposer la terreur par ce même procédé de diabolisation. Les méchants contre les gentils. Le noir ou le blanc. Pas de nuance. La négation de toute complexité dans la pensée. Ainsi s'est construite notre dictature. Si l'on s'oppose à la loi anti-tabac, c'est que l'on défend le cancer du poumon. Si l'on vote contre la loi antiterroriste, c'est qu'on est terroriste ! Voilà comment fonctionne l'esprit binaire d'un nombre flippant de nos leaders d'opinion.
Mes amis, ici je ne discute même pas du contenu de cette loi**(et dieu sait combien elle est inquiétante à commencer par l'introduction de la Peine capitale). Je relève simplement le terrorisme intellectuel très familier à une catégorie de journalistes de la dictature qui reprennent, grâce à ZabajboujAllah, du poil de la bête ( quelques échantillons ici et là ...)
Analogie entre le texte de loi et le texte sacré
Il y a quelque chose de très similaire "au takfir" (ex-communication) dans l'attitude de notre élite progressiste. Il y a même lieu de penser que ce comportement tire son essence de la pensée islamique elle-même. Je m'aventure ici sur un terrain glissant, mais permettez-moi cette digression : Rappelons, quand même, la spécificité de notre si belle religion, bâtie sur un texte sacré considéré comme parole d'Allah. Cette parole est un Tout indissociable. Il n'est théoriquement pas possible de faire abstraction de certains passages "litigieux" où il est question de châtiments corporels (pour ne citer que cela). Il s'agit d'un corpus indivisible dont l'interprétation littérale mène inévitablement au wahhabisme et au Daechisme. Tout le monde le sait mais feint de l'ignorer.
Le refus d'une partie, est considéré par l'esprit littéraliste comme une trahison du Tout. C'est ainsi que se construit l'esprit takfiriste et c'est ainsi que se fabriquent les fatwas, le Djihad et le terrorisme contre les insoumis au Texte. Exactement de la même manière que l'on a vu nos élus et nos journalistes hurler contre les traîtres du Texte de loi (voir ici). Et pourtant la simple réintroduction de la peine capitale (pour ne citer que cela) justifie le refus de la loi antiterroriste de la même manière que l'on peut refuser le Coran tout entier à cause de ses versets misogynes, esclavagistes, homophobes, sanguinaires...
Ceci n'est pas vraiment une caricature
Conclusion
Mes amis, j'espère que vous avez bien compris : je ne soutiens tout de même pas le terrorisme. Merde alors ! Nous revoilà à nouveau obligés de montrer patte blanche. Le climat de terreur s'installe en douceur sur la Tunisie et l'on se retrouve amené à s'excuser de ne pas penser vraiment comme les autres.
* Ons Hattab, élue de l'ARP précise à La Presse : "j’ai bien exigé que les députés du terrorisme soient privés de leur immunité parlementaire pour que la justice puisse leur infliger les sanctions pénales qu’ils méritent. Pour moi, il n’est plus question que des députés qui incitent à la haine et soutiennent les terroristes puissent continuer à siéger au sein du Parlement et à tenir un discours double qui ne peut plus tromper personne" : voir ici
** Le contenu de la dite loi antiterroriste est controversé et critiqué par de nombreuses ONG : voir ici