On s'est fait baiser
Nous l'avions tous compris, l'Etat d'urgence n'était qu'un prétexte pour rétablir le régime policier.
Alors qu'il était question d'arrêter les terroristes, depuis les attentats nous n'avons vu la Police tunisienne déployer son génie que pour casser du jeune, de l'activiste et du chômeur. Plusieurs cas d'abus ont été enregistrés:
Fin Novembre, Adnène Meddeb et Amine Mabrouk, deux jeunes tunisiens ont été arrêtés "pour consommation de matière stupéfiante". Selon leur avocat, la seule preuve qui a été retenue contre eux est un paquet de feuilles à rouler retrouvé dans leur voiture (voir ici). Trois autres jeunes, Fakhri El-Ghezal, Atef Maatallah et Ala Eddine Slim se retrouvent également en prison pour consommation de cannabis. Une quinzaine de policiers armés jusqu'aux dents croyant démanteler une dangereuse cellule terroriste ne trouvent que dalle et finissent par accuser les jeunes de consommation de cannabis en vertu de la loi 52 (voir ici) : une année de prison et à une amende de 1000 dinars ! *
Le 10 Décembre, 2015, six étudiants de Kairouan sont accusés de ... sodomie (si si ! ). Les flics qui adorent mettre leur doigt dans le cul du citoyen, les ont soumis au test anal en vertu de la loi 230. Ils sont condamnés à trois ans de prison et le tribunal a ordonné leur bannissement de la ville. (voir ici).
Bref, on s'est fait baiser. Heureusement que notre ministre de l'intérieur vient de réagir enfin en appelant les Tunisiens à signaler les abus de la police. Notre ministre a rappelé à cet effet que notre police nationale ne cherche qu'à garantir la sécurité et le droit des citoyens (voir ici)
Le Ministre reconnaît implicitement que même si sa flicaille ne fait qu'obéir aux lois, ces dites lois ne sont qu'une boîte à outil qu'utilise la police pour maquiller juridiquement les dépassements de ses agents programmés génétiquement à casser du jeune, du chômeur et du Zaweli...
(dessin datant du 21 Mai 2014)
Afra Ben Azza la Jeanne d'Arc tunisienne
Nous pouvons énumérer à l'infini les cas d'abus. On s'en lasse. On s'y habitue. Devient ordinaire ce qui devrait nous indigner. Mais il arrive que dans ce flot d'injustices ordinaires, émerge un évènement et une personnalité. C'est le cas de cette fille de 17 ans nommée Afra Ben Azza. Elle est jeune belle et rebelle. Elle s'insurge contre la destruction d'une partie de la zaouïa Sidi Makhlouf au Kef. Il s'agit d'un monument datant du 17ième siècle qui abrite la première confrérie des Issawia en Tunisie. La démolition est motivée par un projet privé d'Hôtel de charme. Un cas parmi tant d'autres où la promotion immobilière s'attaque au patrimoine architectural avec la complicité des autorités locales et de la flicaille. Sauf que la jeune Afra protesta en manifestant dans les rues du Kef ce qui lui valu arrestation et emprisonnement.
Son arrestation est une atteinte au code de protection de l'enfance (Afra est mineure). Mais l'atteinte la plus grave demeure l'humiliation qu'a subi l'adolescente au poste de Police. Afra révèle après sa sortie de prison le terrible sentiment d'impunité dont jouit la police. Elle nous rapporte les propos haineux de flics qui se targuent d'emmerder le citoyen, d'emmerder la constitution et la Révolution. Écoutez son témoignage recueilli ici par le site Nawaat et révoltez-vous comme elle !
Le destin a voulu que cette jeune fille se fasse arrêtée la veille du 17 Décembre, date anniversaire de la Révolution...
Conclusion
A l'heure du bilan de 5 ans de Révolution, Ben Ali et sa flicaille sont toujours au pouvoir.
* Le Comité de soutien à Fakhri El Ghezal, Atef Maâtallah & Ala Eddine Slim organise une exposition et une projection en soutien à tous les détenus de la Loi 52 en Tunisie. Cet évènement aura lieu le Lundi 21 décembre 2015 au Pavillon Puebla à Paris, au 39 avenue Simon Bolivar, 75019 ( voir sur Facebook )