Caricatures de la semaine
Je suis entré dans cette phase critique où les déjections de la dictature de la Sainte Chlékas provoquent en moi une irrépressible diarrhée picturale. Voici donc en vrac les dernières "cacaricatures" de la semaine :
Enième accident mortel des travailleuses agricoles
Un nouvel accident d'un camion transportant des travailleuses agricoles a eu lieu le 29 mai 2025 dans la région du Kef. Bilan : 3 mortes et 26 blessées (voir ici).
Ces tragédies à répétition nous rappellent cruellement la réalité désastreuse des conditions de travail des ouvrières agricoles, traitées comme du bétail. En 2019, un accident similaire avait coûté la vie à douze femmes, ravivant le constat amer de l’échec de la révolution et de ses promesses de justice sociale, trahies par une classe politique corrompue et indifférente au sort des plus vulnérables. (voir ici).
Rappelons à juste titre que Kaïs Saïed avait largement capitalisé sur le rejet de l’élite au pouvoir pour justifier son coup d’État le 25 Juillet 2021, et ce au nom de la justice sociale. Et pourtant, sur le terrain, la situation économique n’a fait qu’empirer, tandis que l’État reste tout aussi indifférent – voire plus méprisant – envers le sort des plus faibles tel que l'atteste cet article (voir ici).
* Renversement ( coup d'État en arabe) d'un camion de transport de travailleuses agricole
** Nous ferons la guerre aux "lobbyistes" (les haricots en arabe), piments, tomates et patates...
Retourne d'où tu viens ! (publié sur FB le 30 Mai)
Le dessin suivant représente le destin inéluctable du chlékisme. On pourrait penser, à la manière de Hegel, que l’avènement de Zabaïed est une ruse de la Raison, une sorte de folie nécessaire dans la marche de la grande Histoire tunisienne. Et pourtant, le cas Saïed suffit à lui seul pour contredire Hegel et tous ceux qui croient au sens de l’Histoire.
* Retourne d'où tu viens !
Nous avons affaire à un véritable bug, un accident de parcours, un monumental "Error 404". Le chlékisme n’est pas une ruse de la Raison, mais une ruse de la bêtise, apparue par effraction. Et quand tout sera fini, et qu'on tirera la chasse, la seule question qui se posera sera de savoir si Dame Tunisie saura de cette épreuve tirer les leçons ?
Chmétocratie (publié sur FB le 31 Mai)
Nous sommes pris au piège par un régime de bandits. À mon sens, il ne sert plus à rien de consigner les injustices et les humiliations que nous observons depuis le coup d'État. Il ne sert plus à rien de vouloir ouvrir un canal de négociation avec ces bandits et leurs soutiens. Il est encore plus inutile d'arborer la liberté d'expression ou de revendiquer quelque droit humain face à des brutes qui nous ont déjà exterminés politiquement — et qui n'excluent pas notre élimination physique. Oui, il faudrait que nous nous y préparions.
C'est pourquoi chers amis, la seule chose à faire c'est de s'organiser pour faire tomber le régime.
Malgré cette introduction, je ne peux m'empêcher de rapporter l’énième humiliation subie par les prisonniers politiques (Issam Chebbi, Ghazi Chaouachi, Ridha Belhaj), transférés de force dans des prisons lointaines sans aucun motif, hormis celui de punir leurs familles (voir ici). Une énième illustration de la "Chméta" ( malin plaisir à se réjouir du malheur d'autrui ), devenue un mode d’exercice du pouvoir, assumé et revendiqué par la sainte chléka, ses gardes, et une large partie de l’opinion.
Je profite de ce message pour vous mettre à témoin des commentaires que vous verrez surgir sur mon instagram et ma page Facebook dans lesquels s’exprimera la chméta d’une partie de l’opinion, jouissant de l’humiliation de ces “traîtres”. Ils ne manqueront pas de souligner que ma haine du régime vaut soumission à Ghannouchi, Moussi, et tous les opposants entassés dans le même sac appelé “décennie noire”.
Bien entendu, cette chméta est l’autre visage de la misère intellectuelle de milliers de Tunisiens, incapables — hélas — de produire une simple analyse politique. Cette ignorance est le pilier principal sur lequel repose le régime de l’imposteur de Carthage et les bandits du ministère de l’Intérieur, dont la chléka-chméteuse Jaffel est la courroie de transmission…
Sainte Chléka lèche les Chlékas des cheikhs pour un chèque (publié sur FB le 26 Mai)
Le parlement (ARP) examine un prêt de 70 MD pour la réhabilitation d'une route située dans le sud tunisien à Kébili. Ce prêt a été accordé par le Koweït grâce à l'effort de notre sainte Chléka géniale, qui se plie en quatre pour notre souveraineté nationale...
* Prêt de 70 millions de Dinars
** Il faut compter sur soi (phrase que répète souvent le président Kaïs Saïed)
Certaines mauvaises langues — bien informées — pensent que ce n’est pas un hasard si les wahha(p’tites)bites ont choisi précisément cette route. Il semblerait que ce soit celle qu’ils empruntent pour leurs campagnes de chasse à l’outarde dans le désert (voir ici). Attention : ce n’est qu’une hypothèse, à prendre avec toutes les précautions d’usage.
À l’ère de la désinformation et de la censure voulue par la sainte Chléka, les rumeurs et les mensonges circulent de toutes parts. Mais est-ce vraiment notre faute si l’on véhicule de telles balivernes, quand l’état de nos routes de l’information est lui-même en si mauvais état ?
Le radeau de la méduse (publié sur FB le 25 Mai)
* L'état tunisien est un et pas deux (déclaration du président Kaïs Saïed)
Prenez n'importe quelle autre déclaration de la sainte Chléka, et reprenez-la dans ce dessin ça marche toujours :
"حان وقت البناء والتشييد "
> Il est temps de construire et d'édifier !
"أدعو التونسيين إلى بناء وطن متين لا رجوع فيه إلى الوراء، وأدعو في الوقت نفسه إلى استنباط حلول جديدة قائمة وفق أفكار جديدة"
> Je demande aux tunisiens de construire une nation solide sans retour en arrière. Je demande en même temps au peuple de trouver de nouvelles solutions fondées sur des idées nouvelles
Rappelons tout de même que "le Peuple" dont parle Saïed systématique dans chacun de ses discours c'est surtout le Peuple imaginaire qui loge sous sa ventouse. "Le Peuple" n'existe pas dans l'absolu. Mais il émerge ponctuellement dans l'histoire. Ce moment fatidique arrivera quand sera perçu l'artifice, l'isolement et l'abjection que commet le Pouvoir sur le dit Peuple. Seul ce moment convoquera le peuple qui se chargera de renverser le Pouvoir...
En gros, le véritable peuple, c’est celui qui aura raison de Zabaïed, comme il a eu raison de Zaba. Le seul peuple qui vaille, c’est celui qui veut faire tomber le régime. Nous n’y sommes pas encore. Mais ce moment viendra, inéluctablement.
En attendant ce rendez-vous avec l’Histoire, aidez-moi, entre-temps, à accompagner par la caricature les déboires de Dame Tunisie.